Pratique Philosophique

 

Sur le blog, vous y trouverez mes pensées méditatives, réflexions personnelles, coups de cœur (livres, films…), photos prises au cours de mes voyages, des citations, des articles de presse…

Mes réflexions personnelles et pensées méditatives sont indiquées avec le sigle du blog

RESPONSABILITÉ

 

Sensation d’étouffement en me levant, jour levé depuis peu, et déjà le soleil. Pourtant, il fait à peine 2° dehors. Tout ouvrir, les portes, les fenêtres. Est-ce dû au confinement imposé par le gouvernement ? Pourtant, cela fait à peine une semaine, un peu comme lorsqu’on est coincé à la maison à cause d’une grippe ou d’un problème mineur de santé. Tout est différent maintenant. Avec l’apparition du Coronavirus, le monde a changé. Dans les medias, presse écrite, télévisée… on ne parle plus que de ça : c’est devenu le sujet de tous, nettement plus « intéressant » que la guerre, la réforme des retraites, les migrants… Et moins dérangeant d’une certaine manière. Pourquoi ? Se protéger pour protéger les autres, ne pas sortir pour ne pas contaminer les autres.

RESPONSABILITÉ ! Un mot que nous entendons beaucoup, et aussi répétons – moi la première : chacun se doit d’être responsable. Pourtant, en y réfléchissant un peu, est-ce qu’on se conduit de manière responsable quand des millions de civils déplacés ne peuvent pas retourner chez eux, quand la majorité de la population yéménite a un besoin urgent d’aide humanitaire, alimentaire, médicale, quand deux millions de Palestiniens sont confinés malgré eux dans la bande de Gaza depuis 13 ans par Israël sous l’œil indifférent de la communauté internationale, quand les gouvernements sont impuissants face aux sanctions à l’encontre de l’Iran par les Etats-Unis ? Et je pourrais citer d’autres exemples.
Cela pose la question : qu’est-ce que ça veut dire être responsable ? Est-ce que c’est juste par rapport à soi, à sa famille, ses proches, son pays… ou est-ce vis-à-vis de la société entière, de chaque être humain, de cet autre qui, comme le dit Levinas, « c’est parce qu’il est toujours là avant moi que je suis responsable » ?

ReVue de Livre – ÉTERNELLE ANTIGONE

 Françoise Duroux, Antigone encore : les femmes et la loi, éd. Côté-Femmes, 1993

De l’Antigone de Sophocle à l’Antigone de Jean Anouilh, Françoise Duroux nous fait découvrir ce personnage hors du commun. Durant des siècles, Antigone, et par là même son affrontement avec Créon, son oncle et Roi de Thèbes, a exercé une grande fascination et a été interprétée de différentes manières, parfois très contradictoires.
L’histoire est simple. Au cours d’un combat, les deux frères d’Antigone, Étéocle et Polynice, s’entre-tuent. Le premier, qui a combattu pour Thèbes, sera enterré avec tous les honneurs ; le second, qui a pactisé avec l’ennemi, sera laissé à la merci des charognards. Quiconque désobéira sera condamné à mort. Antigone désobéit.
Il faut rappeler avant tout que le théâtre grec, au siècle de Sophocle (Ve siècle avant notre ère) était conçu pour les hommes et non pour les femmes ou les esclaves. Françoise Duroux, avec cet ouvrage, nous montre le rapport de la loi aux femmes et le rapport des femmes à la loi. « Parce que les femmes ne sont ni des “esclaves”, ni une “classe”, mais la moitié de l’humanité, elles peuvent comme Antigone “non pas détruire les lois, mais découvrir la loi”, ce droit “résolument athée”… délivré de la coutume et de la religion. »

Au cours des siècles qui ont suivi, l’affrontement entre Créon et Antigone est devenu un enjeu, avec des prises de position pour l’un et pour l’autre. Hegel — avec lui, Charles Maurras, entre autres directeur du journal d’extrême-droite l’Action française, et Rudolf Steiner — qui « était pour » Créon, a posé le principe de la complémentarité des sexes, avec leur place respective dans la société : l’homme représentait l’individu, le citoyen dans la cité ; la femme devait rester dans l’ombre et s’occuper de la famille. Or Antigone est sortie de la famille pour aller dans la cité. Pour Goethe, Heidegger et Lacan, c’est Antigone l’héroïne ; le sexe ne doit pas entrer en ligne de compte.

Ce que tente de rechercher Françoise Duroux à travers ce livre (qui est le produit d’un séminaire), c’est l’universalité d’Antigone. A quoi peut-elle nous servir aujourd’hui ? Que nous dit-elle ? L’auteur procède par étapes : interprétations diverses des auteurs, conversations entre Antigone et sa sœur Ismène, conversations entre Antigone et Créon, processus permettant de comprendre les enjeux de cette tragédie. « S’il y a tragédie, c’est parce qu’il n’y a pas de solution. » Elle pose le problème suivant : où se situe Antigone ? Si ce n’est ni « hors » la loi, ni avant la loi, elle est donc en ce lieu qui préside à son élaboration. D’ailleurs, Antigone demande l’égalité devant la mort. Pour l’auteur, l’enjeu principal se formule ainsi : Antigone s’est permise d’intervenir sur le terrain des lois de la cité.
Elle ne pleure pas, elle agit, mais en portant son acte sur la place publique, elle rivalise avec Créon. Si Antigone perd « seulement » la vie, Créon est le grand perdant. Peu à peu, tout s’écroulera autour de lui. Ce qui constitue la cité, c’est le rapport de l’individu avec la loi dite, écrite, définie par la cité, en opposition à la loi naturelle, non écrite. Dans la Cité grecque, c’est cela même qui faisait la différence entre les Citoyens et les Barbares. Or pourquoi les lois non écrites seraient-elles assimilées à des lois irrationnelles ? F. Duroux qualifie ce droit comme « résolument athée ».
« L’exclusion des femmes du politique induit à leur égard une injustice radicale : elles ne relèvent pas du droit, mais de “la Loi”, qui prononce prioritairement le partage sexuel. » On retrouve ce problème, le rapport de la femme dans la cité, tout au long des siècles.

Ce petit ouvrage est un chef d’œuvre, encore brûlant d’actualité. Il a le double mérite d’être lisible par tous, et permet de comprendre l’enjeu universel d’Antigone, et donc de la Femme. La Femme est-elle faite uniquement pour engendrer des hommes qui érigeront ces lois, ou a-t-elle sa place dans la cité, en tant que citoyenne ? Au vu des événements l’année passée aux quatre coins du globe, on peut se poser la question.

REvue de documentaire/film – POuR SAMA

La guerre vue et filmée par une femme

Souvent une caméra à la main, parfois juste avec un téléphone portable, Waab al-Kateab, une jeune femme syrienne, a filmé pendant plusieurs années sa ville, Alep, et plus particulièrement le quartier Est où elle vit, entre le printemps 2011, qui marque le début des manifestations étudiantes contre le pouvoir de Bachar al-Assad, et décembre 2016, où les derniers civils ont été évacués et « forcés » à partir.
Elle filme les manifestations, la répression, les massacres de civils, le quotidien des médecins à l’hôpital qui reçoivent chaque jour des dizaines, voire des centaines, de personnes blessées, mutilées, adultes et enfants, à jamais marqués par la guerre. Des images terribles, impensables, qui vous saisissent et ne vous lâchent plus, mais aussi des images où l’on voit les gens rire, essayer d’être heureux, ou tenter simplement de vivre  – comme à son mariage avec Hamza, l’un des médecins. Des images aussi en gros plan de leur fille Sama née fin 2015 ou dans les premiers jours de l’année 2016.
Des hôpitaux bombardés, l’assiégement du quartier d’Alep-est (entre juillet et décembre 2016), l’affamement de sa population, par le régime et ses alliés russes, Waab al-Kateab filme sans relâche, des images crues, le plus souvent insoutenables, d’une population abandonnée par tous et se retrouvant malgré elle en enfer. Son mari et elle ayant décidé de rester, ils n’ont pas d’autre choix, elle que de montrer, lui de soigner, sauver ou du moins tenter de sauver des vies.
Comment l’être humain peut-il en arriver à tuer, torturer, détruire, d’autres êtres humains, des lieux ? Quelles sont les raisons pour lesquelles la conscience soudain disparaît, cette conscience qui, dans le dialogue de soi à soi, permet « d’éviter le mépris de soi-même » pour paraphraser Emmanuel Kant ? Comment des pouvoirs issus de pays dits « démocratiques ont-ils pu laisser faire « cela », laisser l’innommable se produire ?
Pour plus d’informations : https://www.forsamafilm.com

CONFIANCE

Faire confiance à l’autre et à soi-même sans penser à défendre notre image, nos idées, nous-même. Sans cette confiance, or parce que nous suspecterons quelques pensées cachées, nous craindrons le regard de l’autre, nous aurons peur de nous sentir agressé, humilié, nous résisterons, nous dénierons, refuserons d’admettre nos erreurs, voire nous ne répondrons pas. 
Confiance comme facteur d’autonomie, pour soi and pour l’autre, confiance qui permet de « grandir » et de faire grandir l’autre.

Pratique Philosophique
Pratique Philosophique

ENGAGEMENT

Souvent, nous pensons seulement à nos propres désirs, à notre insécurité, à moi avant l’autre. Ici, nous engageons notre être, nous oublions nos peurs, du moins nous les mettons de côté, sorte d’exposition nue de l’être. Fracture, encore, nous préférons nous montrer « bien vêtu », nous voulons paraître beau, intelligent, parfait, faire bonne figure, nous ne souhaitons pas montrons notre faiblesse.

FAMILLE

Nous nous cachons derrière elle, elle nous donne des obligations, plus que nécessaires. Elle est aussi un prétexte commun : « Je n’ai pas le choix, ma famille compte sur moi ; elle a besoin de moi. Je suis si occupé ces temps-ci, parce que j’ai de la famille qui vient de si loin. » Bien sûr, ceci n’est pas totalement faux, mais jusqu’à quel point nous nous en servons comme alibi, comme excuse pour ne pas penser, pour ne rien faire. La famille est envahissante. Mais elle est utile, et elle est toujours, ou presque, quand nous en avons besoin. Quoique…

Pourquoi ? Pour combler notre solitude, pour donner quelque chose. Alors le sens serait l’amour ? Il ne faudrait tout de même pas exagérer …

Famille qui nous grignote peu à peu, qui nous envahit, prend notre espace, absorbe toute notre énergie. Famille qui nous menace, nous fait du chantage, qui pense qu’elle a tous les droits, qui ne nous laisse jamais en paix, ce qui engendre différents sentiments comme la honte ou la culpabilité. Endroit de l’irrationnel, de tous les possible. Lieu avec lequel il est difficile d’être indifférent ou d’avoir de la distance. Famille que nous aimons et haïssons en même temps…